2011 – Pensez à Marilyn

2011- Pensez à Marilyn

Plus de 175 personnes se sont réunies le 19 Fevrier 2011 à l’Hotel Classique de Québec pour la soirée intitulée « Pensez à Marilyn ». La disparition de Marilyn remonte malheureusement à trois ans déjà et nous célébrons ce triste anniversaire malgré tout avec l’amitié  de tous ceux qui continuent à espérer  la revoir un jour.

Les deux passions de Marilyn sont la musique et l’écriture. Celles-ci ont été à l’honneur lors de cette soirée. Aux vibrants témoignages de ses proches s’ajoutèrent les allocutions de Enfant-Retour (Pina Arcamone) et de l’AFPAD (Michel Laroche) auxquelles se sont jointes les prestations magiques du chansonnier Steve Labrecque, sans oublier la superbe animation de Stéphanie Pelletier et le magnifique design et la photo des piques de guitare (illustré ci-dessus) par Jennylie Harel.
De tels bons moments ont permis à chacun de repartir avec le coeur un peu plus léger et plein d’espoir pour le futur. Marilyn était présente dans tous les esprits et dans le coeur de tous ceux qui l’aiment, qui souhaitent la revoir et qui continuent à espérer avec une indéfectible tenacité.

Tous les dons de cette belle soirée ont été remis aux deux organismes que sont Enfant-Retour et AFPAD.

2011  – Souper et soirée hommage aux familles (AFPAD)

Les gens de la région de la Beauce ont organisé une levée de fonds pour l’Association des Familles de Personnes Disparues ou Assassinées (AFPAD).  L’événement a eu lieu le 5 novembre à Sainte-Marie de Beauce. Lors de cette soirée, Nathalie Bergeron, soeur de Marilyn, a prononcé le discours suivant:

Malgré moi 
Mesdames, messieurs, bonsoir.
Je suis heureuse de me joindre à vous malgré la distance pour cette soirée hommage aux familles organisée par l’AFPAD.
Mon nom est Nathalie Bergeron, mais ce soir je suis une soeur.
Je suis une soeur de disparue, je suis la soeur de Marilyn, je suis celle qui la cherche, je suis celle qui reste, je suis l’autre.
Dans cette salle ce soir, il y a plus que des soeurs. Il y a des mères, des pères, des enfants, des frères, des grands-parents ou des amis.
Tous ces gens sont liés à une histoire de disparition ou de meurtre, tous ces gens demandent des réponses, s’efforcent de continuer à vivre ou s’impliquent pour honorer l’existence de l’autre.
De celle, de celui ou de ceux qui manquent toujours ou pour toujours.
On m’a dit que parmi vous, il y aurait aussi des policiers qui entendraient mon témoignage.
Je leur témoigne donc de la reconnaissance, surtout à ceux qui s’appliquent dans leur travail.
Je leur témoigne du respect, surtout à ceux qui en démontrent envers mes parents.
Je leur témoigne de la surprise, surtout à ceux qui nous donnent une piste à laquelle nous n’avions pas pensé.
Je suis celle qui questionne, qui examine, qui réclame, qui insiste, je suis la soeur de l’autre.
Vous êtes policier.
Lorsque vous avez choisi ce chemin, celui de la droiture et de l’ordre, vous ne pensiez pas croiser le mien.
Je vous surveille moi aussi, je lis tous vos rapports, j’appréhende votre silence, je m’arrête lorsque vous me dites de circuler.
C’est que vous ne l’avez pas trouvée.
Vous recevez notre témoignage,
Celui livré en panique,
Quelle grandeur, quelle heure, attendez je vous explique.
Puis on s’engouffre dans votre système,
Pour nous le monde s’arrête, pour vous il débute,
Vous me parlez de semaines, je vous crie minute.
Nul n’est censé ignorer ma personne disparue.
Je remercie ceux qui ignorent la solution simpliste,
Qui se dépassent et qui rejettent la loi du moindre effort,
Comme la théorie suspecte du suicide.
Un suicide sans corps, sans message, sans raison, mais qui arrange.
Plus besoin de chercher, plus besoin de travailler fort.
J’exprime ma gratitude à ceux qui veulent la certitude,
Qui ne choisissent pas aisément la probabilité,
Ceux qui parlent de raisons, de faits,
Mais qui savent avec discernement nous épargner les faux espoirs ou les faux chagrins des fausses pistes,
Ces phrases qui marquent, celles qui tuent.
Celles qui nous donnent un doute plus grand que celui qui nous habite déjà.
Je ne veux pas imaginer cette fin, surtout sans rien,
Dites-moi que vous allez la chercher.
C’est une adulte, c’est un enfant, il souffre d’Alzheimer,
C’est un être cher, le mien, le nôtre, le vôtre,
Peu importe s’il a fugué, si elle est partie de son plein gré,
Si la famille est le problème, vous m’arrêterez,
Pour l’instant, dites-moi que vous allez fouiller.
Plus le temps passe, moins il y a de chances de la retrouver,
Marilyn brille par son absence,
Les indices qui restent valent de l’or,
Nous courons les rues, nous sautons par-dessus bord,
Même une nouvelle déception ne diminue pas notre volonté,
Il y a trop de souffrance pour abandonner,
Je ne veux pas savoir comment je me sens une fois immobilisée,
Dites-moi que vous aussi vous continuez.
Jacques Lacan disait  »La loi de l’homme est la loi du langage ».
Comme arme je garde le discours de l’espérance,
À ces autres policiers je dis changez votre fusil d’épaule,
Et visez l’excellence pour atteindre notre cible.
Un objectif humanitaire,
Celui de nous retrouver en famille.
On m’a dit que parmi vous, il y aurait aussi des politiciens qui écouteraient ma tirade.
Je leur parle donc de leur sous,
Combien coûte l’espoir?
Je plaide pour leur engagement envers nous,
S’ils ont une ligne de parti,
Ils viennent de croiser celles des familles,
Des gens unis dans la douleur et la peine,
Des victimes collatérales,
Mais aussi des individus qui se battent,
Qui réclament une expertise québécoise et canadienne.
Vous êtes les représentants du peuple, et ce peuple qui vote, dans sa très grande majorité, nous comprend et nous soutient.
À quand notre unité spéciale?
À quand notre base de donnée?
Est-ce pour vous que l’on doit voter?
Si vous êtes élus,
Maintenant vous savez,
La vraie période de questions peut commencer.
Demandez-nous,
Peut-être êtes-vous la réponse,
Je vous donne d’autres mots clés,
Prenez-en au moins un avec vous,
Collaboration, formation des policiers,
Charte des droits et libertés,
Qu’est-ce qui se passe dans mon dossier criminel ou avec celui de ma personne disparue?
Et pour vous M. Boisvenu,
Continuez.
Merci à tous les gens qui nous appuient, qui nous protègent,
AFPAD, enfant-retour, policiers, politiciens, femmes et hommes d’affaire, inconnus dans la rue qui nous donnent un indice,
Une attente plus réaliste, peut-être même une victoire,
Merci à toutes ces familles qui comprennent sans un mot,
Dans le silence, les larmes ou les sourires.
Qui portent secours dans les moments sombres,
Par un regard, une poignée de main, un encouragement,
Qui collaborent même si leur personne à eux ne reviendra plus.
Pour nous aider à retrouver.
Pour nous aider dans notre malheur.
Vivement la charte des droits du coeur.
Retournez-vous politiciens et parlez à vos électeurs.
Je sais que parmi nous ce soir, il manque beaucoup de gens,
Votre frère, votre mère, votre enfant,
Peut-être même un peu de vous depuis le tragique moment.
Il n’y a pas ma soeur, il n’y a pas Marilyn.
Elle a cessé d’être visible,
Elle a échappé à mon regard,
Elle est peut-être égarée,
Je ne peux plus rien partager avec elle,
Ni mes joies, ni mes histoires,
Ni mon mariage, ni la naissance de ma fille,
Et je me demande ce que nous ferons, maman, papa et moi
Laurent et Lætitia,
Sans elle.
Malgré moi,
Je suis une soeur de disparue,
Malgré nous,
Nous sommes les familles de ceux que nous avons perdus.
Toutes les familles heureuses le sont de la même manière,
Les familles malheureuses le sont chacune à leur façon, (Léon Tolstoï)
Merci d’écouter notre histoire, encore une fois.
Et à ma soeur Marilyn je dis: « je t’aime et à bientôt. »
Nathalie Bergeron
5 novembre 2011

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